Cayeux-sur-Mer fête traditionnellement la Saint Blaise, le dimanche le plus proche du 3 février. La journée commence par une procession dont le point de départ se situe rue Saint-Blaise, dans le quartier de la Vieille église. On y trouve une niche, contenant une représentation de petite taille du saint patron de la ville.
En tête de cortège, les musiciens, suivis de la statue de Blaise, portée en majesté, puis les représentants du conseil municipal et tous ceux qui le souhaitent.
Blaise de Sébaste est patron des tailleurs de pierre, des graveurs, des cardeurs ... mais aussi des joueurs d'un instrument de musique à vent ! Né en Arménie au III ème siècle, il était médecin et évêque, martyrisé pour sa foi par Agricola, gouverneur de Cappadoce. La tradition rapporte qu'il aurait sauvé d'une mort certaine un enfant qui s'étouffait avec une arête de poisson. La statue exposée lors de la procession et dans l'église de Cayeux-sur-Mer le représente avec les attributs de sa fonction épiscopale : la mitre, la crosse, mais aussi des bougies pour rappeler celles qui lui avaient été apportées par ses proches lorsqu'il était emprisonné. L'enfant dont il aurait sauvé la vie se tient à ses côtés.
En mémoire de cet épisode miraculeux, à l'occasion de la Saint-Blaise, on peut acheter des cordons et médailles bénis, à la sortie de la messe ou chez les soeurs de la communauté de la Sainte Famille. Ces pendentifs, à l'effigie du saint ont la réputation de protéger des maux de gorge.
Dans son ouvrage consacré à l'Histoire de Cayeux-sur-Mer, écrit en 1904, Anatole Mopin, ancien maire de la ville publie une description des festivités de la Saint Blaise parues alors dans la revue Le Pilote de la Somme. Morceaux choisis : "On vendait autrefois, dans notre vieille église, le jour de la fête patronale, un assemblage de fils de soie de couleurs variées ; ce fil béni, s'il vous plait, avait la propriété de préserver ceux qui le portaient de tous maux de gorge. Quelle économie de médecin et de drogues de toutes sortes ! Aussi, toutes les boutonnières étaient-elles ornées de ce précieux fil de Saint Blaise. Mais tout se perd, en ce monde, même les meilleures choses. Un beau jour, il y a quelques vingt ans, un Parisien, un homonyme à notre patron, (...) M. Blaize (...) se mit en tête de battre en brèche les vertus préservatrices du sacré fil. Il fit si bien que depuis longtemps, faute d'acheteurs, on ne vend plus ces échevaux".
Il faut croire que les traditions vont et viennent... puisque cordons et médailles se vendent toujours, et même fort bien, 116 ans plus tard ! Dimanche 2 février, à la sortie de la messe, les religieuses n'ont pas pu fournir tous les acheteurs qui le souhaitaient, les invitant à passer chez elles l'après-midi pour puiser dans d'autres réserves.
Après la cérémonie religieuse, la fête se poursuit en musique. A la salle des fêtes, ce dimanche 2 février 2020, chacun se voyait offrir chocolat et tarte au flan. Les Amis de la musique donnaient un concert, Jean-Baptiste Clerc chantait a capella la canchon d'Saint Blaise et Robert Gillard faisait danser la salle ...
Autrefois, les festivités de la Saint-Blaise duraient quatre jours "sans compter le dimanche suivant, l'indispensable rebond, racontait Le Pilote de la Somme. Les vastes salles Ferté et Herbet sont envahies, remplies, bondées. Les danseurs ne peuvent guère que piétiner sur place ; durant toute la nuit, la cohue est à son comble ; dans les galeries, les spectateurs sont entassés, pressés, foulés ; la circulation y est presque impossible. Malgré cela, ou peut-être à cause de cela, la gaité est générale, la bonne humeur peinte sur toutes les figures , tout le monde est joyeux et s'amuse".
La foule était sans doute moins dense qu'autrefois, ce dimanche, mais la salle des fêtes était comble, il ne restait plus guère de chaises libres. Et convives, chanteurs et musiciens étaient d'humeur joyeuse, comme autrefois...
Source : Anatole Mopin Histoire de Cayeux-sur-Mer, éditions La Vague Verte.