Renclôture de la Gaité, mai 2016
La commune de Cayeux-sur-Mer partage avec celles de Woignarue, Brutelles, Lanchères et Pendé un territoire agricole appelé les bas champs ou bassures. Il est constitué de parcelles gagnées sur la mer durant des siècles. Son étendue avoisine les 4000 hectares. Le niveau de ces terres protégées par des digues ou des « renclôtures » terme local est aujourd’hui parfois plus bas que celui de l'estran qui continue de recevoir des apports constants de sédiments. Les eaux de pluie s’accumulent facilement dans cet espace clos par des ouvrages de terre et de galets, rendant l’activité agricole plus compliquée qu’ailleurs. Les propriétaires des bas champs se sont constitués en association syndicale, l'ASA, pour drainer ces parcelles et les protéger des contraintes marines.
Cayeux-sur-Mer, lever du jour. 20 Janvier 2016
L’écoulement des eaux est organisé en fossés ou courses se jetant dans des canaux qui rejoignent finalement la mer à l’écluse du Hourdel. Les marées sont arrêtées par des portes à flot qui empêchent les eaux salées de remonter dans les terres. 24 km de canaux et plus de 100km de fossés nécessitent un entretien régulier financé par les propriétaires et exploitants.
Bas champs de Cayeux, janvier 2016
Au siècle dernier, les bas champs ont connu de nombreuses inondations en 1912, 1914, 1924, 1927, 1932, 1935, 1938, 1941, 1972, 1977, 1984. Une rupture partielle de la digue du Hable d’Ault en 1990 en a provoqué une des pires. La décision de renforcer cette digue avec des épis de béton a été prise après la catastrophe durant laquelle heureusement aucune victime humaine n’a été déplorée. (Pour plus d'infos rendez-vous sur la page Protection contre la mer)
Sur la commune de Cayeux-sur-Mer, une vingtaine d’agriculteurs pratiquent dans les bas champs la polyculture-élevage. Les céréales produites servent essentiellement à la nourriture du bétail : vaches laitières, races à viande, porcs et quelques moutons.
Des années difficiles
Une forte pluviométrie durant trois années consécutives, des contraintes environnementales limitant l’usage de pesticides à proximité des fossés et des canaux, une limitation des engrais, des vents fréquents rendant les pulvérisations compliquées, des terrains trop humides et impraticables pour les engins agricoles, l’agriculture des bas champs est fragilisée, menacée. Pourtant elle contribue à l’entretien des paysages et devrait pouvoir faire vivre dignement les familles installées depuis plusieurs générations.
A l’initiative de plusieurs responsables d’exploitations agricoles de la commune une classification administrative des bas champs en zone défavorisée a été revendiquée. Le dossier reste compliqué et difficile à faire aboutir…Il pourrait permettre à terme l’obtention pour les exploitants d’une Indemnité Compensatoire de Handicap Naturel (ICHN) comme pour les agriculteurs en montagne ou en piémont.
Pour essayer de mieux valoriser les produits du territoire une relance de la culture de pomme de terre sous forme de production précoce a été expérimentée sur une petite surface. Une labellisation pourrait même être envisagée si cet essai se révèle satisfaisant.
